
Island

Vane vous raconte..


Ce son-là, il est particulier… parce que j’en parle en ayant écouté qu’un seul titre. Je pourrai vous dire qu’il s’agit d’un son provenant du groupe Island, qu’il vient de Londres et qu’il est tiré de leur premier album Feels like air, sorti en 2018. Je pourrai vous dire qu’il s’agit de rock indé, pour autant que ça parle vraiment à quelqu’un cette catégorie… Mais… je ne sais pas… est-ce si important de vous le dire ? De vous faire un historique du groupe via quelques liens piochés aux hasards sur le net ? Je ne crois pas. Plus je m’écoute, plus je me dis que quand on ne sait pas, on ne dit pas. On laisse les autres chercher les infos s’ils en ont envie. Parfois, c’est juste un titre, un seul qui fait le trajet jusqu’au-dedans et c’est tout. Parfois, même souvent, c’est le moment qui donne de l’importance au son. Alors, peut-être s’agit-il du contexte, de la période, de ce chamboulement planétaire qui nous a tous mis un peu sur pause, mais cette-fois-ci, je ne vais pas vous faire de recherche sur ce groupe. Déjà, parce que ce nom de groupe, il est tellement répandu que c’est galère de trouver des infos sur celui qu’on recherche et aussi, parce que, pour une fois, si on essayait juste d’apprécier sans connaître ? Juste savourer ce titre-là sans chercher à le comparer, sans vouloir à tout prix tout écouter d’eux et les ranger dans un petit tiroir avec une étiquette où l’écriture illisible traduit la vitesse avec laquelle on l’a écrit. Donc, oui, faisons ça, cette fois-ci, écoutons le son pour ce qu’il est ; un titre, une histoire, une musique. Je ne sais pas si c’est le contexte dans lequel j’ai rencontré ce titre qui fait ça mais oui, il a dessiné les contours de mon chez moi en journée télétravail avec un monde à l’arrêt, alors peut-être que j’ai un peu peur de me lancer dans la recherche intensive… de peur, justement, d’être un peu déçue. Il est con l’être humain, c’est vrai, mais je ne sais pas, là, j’ai juste envie de parler de ce son, pas du reste, pas du groupe, pas de l’album, juste cette histoire-là. Le reste, ça vous appartient ; c’est votre histoire après tout.
Moi, mon histoire, elle a démarré par une playlist aux hasards, comme souvent, et ce titre-là, il a débarqué et l’intro m’a agrippé le col en mode « Tu vas pas tarder à te prendre une claque » peut-être aussi que les daubes écoutés avant ça, m’ont apprise, finalement, que même dans une intro, ça se sent si le son sera bon ou non. Ici, l’intro est joliment dessinée ; les couches sonores se superposent au fil des secondes et quand tu commences presque à manquer de nouveauté, voilà que débarque cette voix incroyable avec trois phrases d’une tristesse absolue. Et à même pas une minute du titre, t’es déjà plongé dans ce son. Il enrobe, il met du coton tout autour et peu importe bien ce que tu faisais, avant, une fois que t’en es là dans le titre, il n’y a plus rien qui existe. Il n’y a plus que toi, cette voix et ce qu’elle dit. Il y a que le phrasé, les coupures entre les parties chantées créent une intensité telle que t’es en attente de la suite. Combien de titres font ça ? J’en connais peu, moi. Et je ne vous parle même pas de la qualité sonore, du riff de l’intro qui revient entrecoupée le titre, façon rappel, façon cercle vicieux, façon éternel recommencement. Il y a du génie dans le son, vraiment. Et puis, arrive, ce dernier couplet où la voix se mue. Le désespoir, il n’existe plus. Le rythme s’accélère et on y sent des reproches, un peu de folie aussi et un peu de colère, surtout, quelque chose de plus fort que la tristesse du début, en tout cas. Et puis, cette fin, brutale où on aimerait que le son continue, au moins ce riff, au moins ces solos de guitares mais non, rien… Prends-toi ça dans la gueule et attend pour voir ce que ça fait… Ce que ça fait ? ça fait du vide… et ça, c’est la preuve que ce titre-là, il tient quelque chose et qu’il remplit. Alors, on est obligé de se le réécouter, parce que c’est comme ça, ce titre-là, il est tellement incroyable qu’on ne peut pas faire sans une fois qu’on l’a découvert. A présent, il est dans mes playlists, sans rien connaître de ce groupe et sans avoir écouté les autres titres de leur album. Un jour, la curiosité me poussera à le faire mais pour l’heure c’est ce titre-là qui est important et c’est cette histoire qui compte.
Je mets donc à l’écoute, le titre The day I die pour la magie que ça créé au-dedans et pour l’intensité de cette voix.
