
Bror Gunnar Jansson

Discographie :
2009 :
Ep Gugges Enmanna (auto-produit)
2012
Album Bror Gunnar Jansson (the greatest records)
2014
Album Moan Snake Moan (Normandeep Blues Records)
2017
Ep And the great unknown (Normandeep Blues Records)
Album And the great unknown part. II (Normandeep Blues Records)
2019
Album They found my body in a bag (Label Playground Music Scandinavia)
Vane vous raconte..


Bror Gunnar Jansson, ce nom est à retenir ! Il a débarqué par hasard dans l’casque audio, comme souvent, en fait ; quand le son coule et qu’il se déverse sur le quotidien en bruit de fond sonore. Le genre de truc que tu fais quand tu fais ton tri, ton ménage, tes trucs chiants administratifs et que la bande son tourne en boucle avec du nouveau son, sait-on jamais, tu pourrais tomber sur la perle musicale que tu avais loupée jusque-là, tellement pris par tes habitudes d’écoutes. Bref, j’étais en train de faire un truc méga chiant, impôt ou une connerie du genre… et soudain, youtube me propose un son inconnu et juste incroyable. A même pas une minute d’écoute, j’arrête ce que je fais et je vais zieuter l’onglet d’à côté pour retenir ce nom.
Ce nom c’est donc Bror Gunnar Jansson, un suédois de 34 ans qui fait du blues comme personne. Il sort en 2012 un premier album éponyme sous le label Greatest records tiré à 100 exemplaires. Remarqué dans un premier temps en France. Il signera plus tard avec le label Normandeep Blues Records. Voici les seules infos capturées ici et là sur le net. A vrai dire, Bror Gunnar Jansson n’est pas à raconter… ça fait partie de ces rares artistes dont on se contrefout un peu de son histoire parce qu’il ne la raconte pas. Parce qu’il se terre quelque part pour nous balancer des histoires sordides avec sa voix grave, sa musique lourde et ce son sinueux qui s’infiltre au-dedans comme si l’artiste avait tout compris à la musique et au genre humain. Il crache des choses, il les balance en hurlant ou en susurrant. Le blues, ici, est fait de violence en noir et blanc. Il y a quelque chose de profondément inquiétant et troublant dans ce son. J’ai envie de citer des rues désertes, un type avec un imperméable et un chapeau sur la tête. J’ai envie de citer du Hitchcock, du sombre, du menaçant, du noir et blanc avec zoom sur un couteau. Ce son-là, il est cinématographique et j’ai rarement vécu ça avec la musique, autant d’images qui me viennent. Et c’est assez fou ce que Bror Gunnar Jansson parvient à faire avec si peu ; parfois une guitare, une voix, une batterie. Mais il module sa voix de sorte à ce qu’elle prend toute la place et qu’on en oublie le peu d’instrument derrière. Bror Gunnar Jansson, il n’est pas là pour les grandes mélodies avec milles instruments. Il utilise ce qu’il faut, pas plus pour vous raconter une histoire dans laquelle même si vous n’étiez pas tenté vous y plonger en entier.
Ce qui est fou avec ce type, c’est qu’on sent le blues à l’ancienne, c’est imprégné de John Lee Hooker et de Muddy Waters. On sent toute l’histoire du blues dans ce son mais il le modernise. (Je déteste ce mot mais aucun synonyme ne me vient…) Bror Gunar Jansson, il se fout des codes et l’amène à devenir du rock tendance punk, parfois. Le mec, il fait ce qu’il veut du son. Il fait ce qu’il veut de toi, aussi. C’est juste hallucinant à écouter et c’est juste incroyable comme expérience sonore à vivre. J’ai envie de citer son titre incroyable Machine, l’histoire vrai d’un journaliste suédois tué dans un sous-marin par un savant fou. Ça démarre avec sa voix particulière et son rythme à l’arrière qui ne décolle pas. Ça tourne en boucle et ça devient inquiétant. Sa voix à lui, elle raconte. Et tu sais plus trop où tu en es entre cette voix hallucinante qui semble vomir une histoire sale et ce riff à l’arrière qui devient de plus en plus prenant et inquiétant. Puis, la voix disparaît au profit de la guitare qui continue de raconter et qui semble triste comme elle l’est toujours quand elle danse sur du blues. La voix revient pile au moment où on est totalement embarqué et elle relance l’histoire. ça fait quelque chose au-dedans. C’est lent. Nonchalant. Mais vif façon plaie ouverte comme une énième balafre sur la gueule qu’on se prendrait sans bouger, hypnotisé et ahuri par le son. Et là, le sifflement débarque ça fouterait presque des frissons tellement ce titre est construit pour atteindre l’apothéose mais sans jamais décoller… sans jamais balancer du gros son. Non, tout est fait en douceur. Tout est construit pour que petit à petit on s’enlise dans le son. Et là, à la fin du morceau, il susurre… comme une main gantée viendrait baisser le son, la lumière pour te laisser seul avec ça. Bref, ce mec est un génie du son ! Je conseille fortement l’écoute de ses titres parce que ce son-là, il n’existe pas ailleurs !
Je mets donc à l’écoute, le sublime titre Machine tiré de son album They found my body in a bag sorti en 2019 et j’ajoute le titre Moan snake moan tiré de son album du même nom sorti en 2014.
